1,78 mètre. Ce chiffre s’impose sur les grilles de sélection des agences internationales, comme une règle gravée dans le marbre. Pourtant, il suffit de parcourir les coulisses de la mode pour saisir que la réalité n’obéit plus à une seule toise. Certaines maisons prestigieuses ouvrent leurs portes dès 1,72 mètre, parfois moins, surtout pour la publicité ou le mannequinat commercial.
Les critères de sélection fluctuent d’un marché à l’autre, au gré des tendances et des types de contrats proposés. Les mensurations exigées suivent le mouvement, tout comme la façon dont l’industrie perçoit la silhouette idéale. Les portes s’entrouvrent enfin, laissant passer des morphologies et des tailles plus variées qu’autrefois.
La taille idéale pour être mannequin : mythe ou réalité ?
La fameuse « taille idéale » pour être mannequin, souvent évoquée comme une évidence, tient-elle encore debout face à la réalité du terrain ? Les agences de mannequins perpétuent leurs exigences classiques : pour une carrière sur les podiums, elles recherchent des femmes mesurant entre 1m72 et 1m81. Les mensurations demandées restent précises :
- Poitrine : 80 à 90 cm
- Taille : 57 à 64 cm
- Hanches : 85 à 93 cm
- Poids : 48 à 60 kg
- Âge : 16 à 23 ans
Mais le verrou des centimètres saute progressivement dans plusieurs secteurs. Dès 1m60, la publicité, la beauté ou l’e-commerce accueillent des profils hors du moule classique. Les agences s’autorisent, désormais, à parier sur des silhouettes franchement atypiques.
La législation française entrée en vigueur en 2015 amène, elle aussi, un tournant : esquisse d’une nouvelle ère, où l’apparence ne fait plus tout. Désormais, présenter un certificat médical est requis ; question de santé physique, plus seulement d’esthétique minimum.
Le mot qui circule ? Diversité, singularité, personnalité. Les critères s’élargissent, l’allure fait la différence. Eva Pigford ou Devon Aoki l’ont prouvé : l’audace et le charisme écrasent la règle froide du mètre. Dans ce milieu, afficher la « taille idéale » compte de moins en moins. Le regard s’affine, l’industrie réclame de la présence, du style, un vrai tempérament. La toise n’est plus dogmatique mais l’influence subsiste, surtout dans les concours les plus traditionnels.
1,78 mètre, ça veut dire quoi concrètement dans le monde du mannequinat ?
Au moment des castings parisiens, 1,78 mètre, c’est le point d’équilibre. Ce chiffre rassure : parfaitement calé dans la fourchette attendue, il répond aux attentes de beaucoup de créateurs et agences fidèles aux usages historiques.
Pourtant, la réalité se réinvente ailleurs. Certains profils retiennent l’attention avec 10 centimètres de moins : le parcours de Kate Moss (1,68 m) a marqué la planète mode d’une empreinte inaltérable. Dans les grands ateliers, en revanche, le seuil demeure haut : 1,78 mètre reste le ticket attendu pour fouler la Fashion Week, participer aux essayages en showroom ou incarner les silhouettes emblématiques du prêt-à-porter et de la haute couture. Mais hors podium, les cartes se redistribuent. Sur les campagnes beauté, l’e-commerce ou la publicité, la mesure s’assouplit. Une diversité de physiques s’impose. Résultat : 1,78 mètre reste un pass dans les castings classiques, mais ce chiffre n’embrasse plus toute la palette du métier.
Des mensurations aux opportunités : quels critères selon les différents types de mannequinat
Les règles du jeu changent d’un secteur à l’autre. Sur les podiums, la taille mannequin femme garde du poids, entre 1m72 et 1m81, souvent associée à des mensurations calibrées, de la poitrine aux hanches. Pour quelques centimètres en trop ou en moins, la sélection ralentit net. Mais dans les univers commerciaux, on retrouve des morphologies athlétiques, athypiques, et des profils à la silhouette fraîche. Dès 1m65, certains contrats s’ouvrent, y compris pour celles à la stature plus modeste.
Voici ce qui distingue chaque spécialité :
- Mannequin détail : ici, place aux mains, jambes ou pieds, la mesure se fait oublier au profit de la photogénie du détail.
- Mannequin beauté : ce qui retient l’attention ? L’expression du visage, l’éclat de la peau, l’équilibre des traits.
- Mannequin lingerie : la tonicité du corps, la confiance devant l’objectif prennent la relève sur la longueur de jambe.
Le renforcement des exigences médicales en France redistribue les cartes : amincissement réglementé, certificats de santé exigés. Désormais, un portfolio construit et naturel, des polas nets, une présentation qui frappe, pèseront parfois plus lourd que la seule mesure. L’e-commerce, la publicité ou les campagnes digitales bousculent la hiérarchie. Au fond, la taille n’est plus la ligne rouge infranchissable.
La diversité prend sa place : pourquoi il n’existe plus une seule voie pour réussir
Impossible de faire rentrer la réalité du marché du mannequinat dans une case unique. Aujourd’hui, les agences aux méthodes plus ouvertes scrutent des profils qui osent s’écarter de la norme. La diversité s’impose peu à peu : morphologies variées, origines multiples, styles inattendus se font une place assumée. Les exemples ne manquent pas, de la petite taille aux silhouettes hors gabarit. Ce mouvement est palpable, concernant toutes les tranches d’âge et de parcours.
L’espace s’est transformé. Les réseaux sociaux, Instagram en tête, donnent une exposition nouvelle à des personnalités autrefois restées sur le banc de touche, tandis que les plateformes de casting en ligne multiplient les opportunités d’un bout à l’autre du territoire. Désormais, la visibilité ne dépend plus d’un passage obligatoire par les grandes capitales.
Quelques nouveaux axes s’imposent pour se faire repérer :
- Agences inclusives : elles inscrivent la diversité des gabarits et des origines dans leur politique de recrutement.
- Certaines sphères spécialisées : beauté, lifestyle, campagnes digitales, s’affranchissent peu à peu des anciens codes.
- Castings dématérialisés : ils élargissent l’accès, très au-delà des frontières des grandes villes.
La réglementation de 2015 a posé un cadre, mais l’impulsion profonde est venue des pros eux-mêmes : agences plurielles, ouverture des critères, repérage large sur tout le territoire. La réussite ne colle plus un modèle unique, ni une silhouette imposée. À présent, le mètre ruban n’est qu’un outil, non plus une sentence.
Que ce soit pour défiler, représenter une marque ou imposer un style, la mode n’attend plus de format figé. Les profils osent, la diversité pulse, les opportunités foisonnent. Trouver sa place, inventer sa voie, sortir des rangs : voilà ce qui redessine le visage du mannequinat au fil des saisons.


